Home Actualités locales Projet de loi 101 : un régime de santé et sécurité au travail discriminatoire dénoncé par les syndicats

Projet de loi 101 : un régime de santé et sécurité au travail discriminatoire dénoncé par les syndicats

Une réforme bouleverse la protection des travailleuses du secteur public montréalais.

by Matilda Honet

MONTRÉAL — Des centaines de travailleuses et travailleurs ont manifesté lundi midi à Montréal contre le projet de loi 101 du gouvernement Legault. Les principales centrales syndicales dénoncent un régime discriminatoire en santé et sécurité au travail qui affecterait principalement les femmes œuvrant dans le secteur public.

Un régime à deux vitesses vivement critiqué

Le 6 octobre 2025 marquait le quatrième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, censée étendre les mécanismes de prévention et de participation à tous les secteurs d’emploi au Québec. Or, le projet de loi 101 menace d’exclure des centaines de milliers de travailleuses de ces protections essentielles.

Selon les organisations syndicales présentes lors de la manifestation, la vaste majorité des établissements en santé, services sociaux et éducation — des secteurs à prédominance féminine — ne seraient plus tenus d’appliquer ces mécanismes de protection. Le gouvernement québécois, en tant que plus grand employeur de la province, s’octroierait ainsi un traitement privilégié plutôt que de montrer l’exemple.

« Un régime sexiste », dénoncent les syndicats

Caroline Senneville, présidente de la CSN, n’a pas mâché ses mots : « Si le gouvernement Legault ne revient pas sur son intention avec son projet de loi 101, cela confirmera que nous sommes dirigés par un gouvernement sexiste, qui veut s’offrir un traitement préférentiel en refusant à ses propres travailleuses et travailleurs la même protection qu’aux autres. »

La présidente de la FTQ, Magali Picard, a souligné la contradiction flagrante du gouvernement : « C’est tout de même curieux que, dans son discours d’ouverture, le premier ministre dise vouloir protéger les femmes du Québec de l’intégrisme islamique et qu’en même temps, il les exclue des mécanismes de prévention et de participation en santé et sécurité au travail. Pourtant, le gouvernement de François Legault sait très bien que le secteur de la santé, représenté majoritairement par des femmes, est le secteur où on enregistre une explosion de réclamations. »

Des secteurs particulièrement à risque négligés

Le personnel de la santé et des services sociaux figure parmi les travailleurs les plus exposés aux lésions professionnelles au Québec. Julie Daignault, vice-présidente SST de la FIQ, a rappelé l’absurdité de la situation : « Les travailleuses de la santé et des services sociaux sont parmi les plus touchées par les lésions professionnelles. C’est donc totalement insensé de réduire les mécanismes de prévention qui les touchent, d’autant plus que cela crée une inégalité flagrante avec d’autres secteurs majoritairement masculins, comme celui de la construction. »

Christine Prégent, vice-présidente de l’APTS, a insisté sur la nécessité d’une protection adéquate : « Nous exigeons une véritable prévention pour protéger celles et ceux qui prennent soin de la population du Québec. »

Un recul historique après 45 ans de lutte

Nadine Bédard-St-Pierre, première vice-présidente de la CSQ, a dénoncé un retour en arrière inadmissible : « Empêcher le personnel de l’éducation et de la santé, majoritairement des femmes, de participer pleinement à la gestion de leur santé et sécurité au travail, ça revient à créer deux classes de travailleuses et de travailleurs au Québec. Nommons un chat un chat : c’est tout simplement discriminatoire ! »

Pour Éric Gingras, président de la CSQ, le projet de loi représente un bond dans le passé : « Le gouvernement nous invite à remonter le temps, à retourner à une autre époque où les emplois majoritairement occupés par des femmes étaient de moindre importance. »

Appel à la prévention plutôt qu’à l’indemnisation

Luc Vachon, président de la CSD, a plaidé pour un changement de mentalité : « Depuis déjà trop longtemps, les gouvernements et les employeurs se concentrent sur le volet indemnisation et privilégient les économies à court terme plutôt que de miser sur la prévention. Il faut une fois pour toutes renverser cet état d’esprit et instaurer une culture de prévention forte et audacieuse partout, car la prévention quand c’est bien fait, ça fonctionne et ça rapporte longtemps. »

Mélanie Hubert, présidente de la FAE, a averti que le projet de loi « alimentera et perpétuera la discrimination systémique envers les femmes. » Elle a exigé le retrait immédiat du projet de loi.

Les organisations syndicales demandent unanimement au gouvernement Legault de faire marche arrière et d’assurer une protection égale en santé et sécurité du travail pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs québécois, peu importe leur secteur d’emploi.

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