Un dossier vieux de plus de trois décennies enfin résolu
SAINT-JÉRÔME — Après 31 ans d’attente, l’affaire du meurtre de Marie-Chantale Desjardins a franchi une étape décisive vendredi matin. Réal Courtemanche, 62 ans, détenu dans un pénitencier fédéral et déjà désigné comme délinquant dangereux, a plaidé coupable au palais de justice de Saint-Jérôme à une accusation de meurtre au deuxième degré.
La fillette de 10 ans avait disparu le 16 juillet 1994 alors qu’elle circulait à vélo à Sainte-Thérèse, sur la Rive-Nord de Montréal, après avoir quitté la résidence d’une amie. Son corps sans vie a été découvert quatre jours plus tard dans un secteur boisé situé derrière le centre commercial Place Rosemère, à moins de deux kilomètres de son domicile.
Une percée scientifique après des décennies d’enquête
Le dossier est demeuré non résolu jusqu’en 2023, année où les enquêteurs ont finalement réussi à établir un lien entre l’ADN prélevé sur le corps de Marie-Chantale et Réal Courtemanche. Les investigations ont également révélé qu’en 1994, le seul frère de l’accusé habitait à proximité du lieu où le corps de la victime a été retrouvé. Courtemanche s’y rendait régulièrement pour récupérer ses chèques d’aide sociale.
Arrêté en décembre 2023 alors qu’il purgeait déjà une peine indéterminée en tant que délinquant dangereux, Courtemanche faisait initialement face à une accusation de meurtre au premier degré. Vendredi, il a toutefois accepté de plaider coupable à l’accusation réduite de meurtre au deuxième degré.
Des circonstances tragiques révélées au tribunal
Durant l’audience, le procureur a présenté une déclaration de faits conjointe détaillée qui a permis d’éclairer les circonstances horribles entourant le décès de la fillette. Sans révéler le mobile du crime, le document indique que Courtemanche a tué Marie-Chantale de ses propres mains avec une violence extrême — une de ses dents a même été retrouvée dans sa gorge. Les faits déposés ont également confirmé que la jeune victime avait été agressée sexuellement.
Bien que Courtemanche n’ait fourni aucune explication quant à ses motivations, il a reconnu que la Couronne disposait de preuves suffisantes pour le déclarer coupable de meurtre au deuxième degré.
Un témoignage déchirant de la mère
La mère de Marie-Chantale a livré une déclaration de victime bouleversante devant le tribunal. Vêtue entièrement de noir, elle a affirmé ne pas être venue par haine, précisant que « cela ne ramènera pas ce que j’aime ». À un moment, elle s’est tournée pour regarder directement Courtemanche dans le box des accusés, exprimant l’espoir que sa fille puisse désormais reposer en paix.
Son témoignage a profondément ému la juge de la Cour supérieure Hélène Di Salvo, qui a eu les larmes aux yeux. « Si je pouvais dire ce que je pense réellement, je le ferais, mais ma toge m’en empêche », a déclaré la magistrate avec difficulté. « Le tribunal est humain. »
Une peine de prison à vie attendue
Les avocats ont présenté une recommandation conjointe demandant que Courtemanche soit condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, soit la même peine que pour un meurtre prémédité. La juge Di Salvo devrait rendre sa décision dans les prochaines semaines.
Cette affaire sordide avait marqué le Québec à l’époque, survenant durant une période où plusieurs enfants et jeunes femmes avaient été portés disparus et assassinés dans la province. Le criminel endurci, qui résidait à Sainte-Thérèse en 1994, a commis de multiples crimes à travers le Québec au cours de sa vie.
Après plus de trois décennies d’attente, les proches de Marie-Chantale Desjardins peuvent enfin voir une forme de justice être rendue, même si rien ne pourra jamais effacer la douleur causée par cette tragédie.