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Attaque de chiens à Saint-Léonard : une Montréalaise grièvement blessée relance le débat sur la réglementation

by Matilda Honet

Une violente attaque de chiens survenue mercredi matin à Saint-Léonard a secoué la communauté montréalaise et relancé le débat sur l’encadrement des chiens potentiellement dangereux. Une femme de 45 ans a été grièvement blessée après avoir été attaquée par trois chiens devant un garage de mécanique automobile situé sur la rue Du Creusot.

Les faits : une attaque brutale en plein jour

Les événements se sont déroulés vers 9h30 mercredi matin. Selon les témoignages recueillis, la victime venait tout juste d’arriver au commerce lorsque la porte du garage s’est ouverte. Trois chiens, identifiés comme des dogues argentins, se sont alors précipités sur la cliente et l’ont attaquée violemment.

« Ils étaient incontrôlables », a confié un employé d’un commerce voisin qui a assisté à la scène troublante. La femme est tombée au sol et a même perdu conscience durant l’assaut. Le propriétaire des animaux, âgé de 42 ans, est rapidement sorti pour tenter de maîtriser ses bêtes, mais a lui-même été blessé aux mains et aux bras dans l’intervention.

Face à la gravité de la situation, les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été contraints d’abattre deux des trois chiens sur place. Le troisième animal aurait regagné l’intérieur du commerce après avoir reçu un coup de pelle d’un témoin cherchant à stopper l’attaque.

État de la victime et saisie de l’animal

La victime a été transportée d’urgence à l’hôpital avec des blessures graves. Bien que son état ait été critique initialement, les autorités médicales ont depuis indiqué que sa vie n’était plus en danger. Elle demeure toutefois hospitalisée pour recevoir les soins nécessaires.

Le chien survivant a été saisi par la Ville de Montréal et placé dans un refuge hautement sécurisé de l’organisme Proanima, situé sur la Rive-Sud. « Le chien n’est plus sur la voie publique, il est dans un environnement hautement sécurisé. Il ne peut pas être en contact avec qui que ce soit », a assuré le Dr Vincent Paradis, directeur de la médecine de refuge chez Proanima.

L’animal devra faire l’objet d’une évaluation comportementale complète par un médecin vétérinaire avant que la Ville ne décide de son sort.

Des chiens non enregistrés et sans permis

L’enquête a révélé une situation préoccupante : aucun des trois chiens impliqués dans l’attaque n’était inscrit au registre des chiens potentiellement dangereux de Montréal. De plus, aucun permis animalier n’avait été délivré pour ces animaux à l’adresse du commerce. Il s’agit pourtant d’une obligation légale à Montréal, où tout propriétaire de chien doit détenir un permis.

Aucun signalement concernant un comportement agressif de ces chiens n’avait été rapporté aux autorités avant l’incident. Le propriétaire des animaux a été rencontré par les enquêteurs et pourrait faire face à des accusations criminelles. L’enquête policière se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de l’attaque et les responsabilités.

Réglementation actuelle à Montréal : un cadre existant mais perfectible

À Montréal, la Ville a mis en place une réglementation spécifique pour encadrer les chiens au comportement agressif. Selon le registre municipal, légèrement plus de 100 chiens sont actuellement inscrits comme potentiellement dangereux.

Lorsqu’un chien est déclaré potentiellement dangereux, le propriétaire doit respecter des conditions strictes :

  • Obtenir un permis spécial délivré par la Ville
  • Faire porter au chien une médaille rouge fournie avec le permis
  • Afficher la présence du chien au domicile
  • Muselière le chien avec une muselière-panier chaque fois qu’il se trouve à l’extérieur du logement, incluant la cour et les aires communes

La législation québécoise prévoit également des amendes variant de 250 $ à 20 000 $ pour les propriétaires contrevenants. Ces amendes peuvent être doublées lorsqu’elles concernent un chien déclaré potentiellement dangereux.

Des appels pour un renforcement des lois

Cet incident ravive douloureusement les mémoires de victimes d’attaques antérieures. Dominique Alain, qui a survécu à une attaque similaire impliquant trois chiens à Potton en 2019, a exprimé son soutien à la victime : « Je ressens tellement de peine pour cette femme, et mon cœur est avec elle. Je vis encore aujourd’hui avec des douleurs physiques. »

Bien que le propriétaire des chiens impliqués dans l’attaque de 2019 ait purgé une peine de prison, Mme Alain estime qu’une législation plus rigoureuse demeure nécessaire pour protéger le public.

La SPCA de Montréal partage cette position et plaide pour une approche préventive. L’organisme exhorte tous les paliers de gouvernement à renforcer la réglementation entourant l’élevage et la vente de chiens, et à garantir que les propriétaires respectent les lois existantes.

La prévention au cœur de la solution

Plusieurs experts soulignent l’importance d’agir en amont plutôt que de réagir après les tragédies. Des règles plus strictes permettraient aux autorités d’intervenir dès les premiers signes de comportement agressif, sans attendre qu’un incident grave ne survienne.

« C’est davantage une question de socialisation, de reproduction et d’éducation. Ce sont les principaux facteurs qui déterminent si un animal mordra ou non », explique le vétérinaire Vincent Paradis. L’agressivité n’est pas propre à une race particulière – c’est la raison pour laquelle aucune race, y compris les pitbulls, n’est interdite à Montréal.

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec a récemment déployé un programme provincial de prévention des morsures de chiens destiné aux jeunes enfants. Depuis 2022, plus de 1 400 élèves de maternelle et première année ont participé à ces ateliers éducatifs qui enseignent l’approche sécuritaire d’un chien et la reconnaissance des signes de stress chez l’animal.

Des évaluations comportementales obligatoires dès qu’un signalement est effectué, combinées à un système de sanctions graduelles (avertissements, restrictions de déplacement, cours de rééducation canine, ou retrait de l’animal en dernier recours), pourraient offrir un cadre préventif plus efficace.

Une enquête en cours

Les autorités poursuivent leur investigation pour déterminer si des accusations seront portées contre le propriétaire des chiens. Le chien survivant demeurera au refuge Proanima jusqu’à ce que les responsables municipaux décident des mesures à prendre à son égard, après l’évaluation vétérinaire complète.

Cet incident tragique rappelle l’importance d’une cohabitation responsable entre les citoyens et leurs animaux de compagnie, ainsi que la nécessité pour tous les propriétaires de chiens de respecter les obligations légales et de socialiser adéquatement leurs animaux.

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