Les usagers du métro et des autobus à Montréal frappés par une vague de grèves
En ce début novembre, les centaines de milliers d’utilisateurs des transports collectifs à Montréal font face à un véritable casse-tête. Après deux séquences de grève déjà tenues en juin puis en septembre, une nouvelle série de débrayages frappe la Société de transport de Montréal (STM) du 31 octobre au 28 novembre, à l’initiative du syndicat des employés d’entretien. Parallèlement, les 4 500 chauffeurs d’autobus, opérateurs de métro et agents de station viennent de déclencher leurs premières journées de grève en 38 ans, prévues pour les 1er, 15 et 16 novembre.
Revendications syndicales et paralysie des services
Les syndicats dénoncent des conditions de travail « inhumaines » et réclament la fin du temps non rémunéré. Ils revendiquent également des hausses salariales pouvant atteindre 25% sur cinq ans, justifiant ces demandes par le rattrapage de l’inflation. Du côté de la STM, on évoque des difficultés financières majeures et la nécessité de flexibilité pour maintenir les services essentiels. Le dialogue est rompu, malgré plus de 115 séances de négociation depuis le début de l’année.
Qui paie le prix? Les usagers… et les finances publiques
La situation crée un profond malaise chez les utilisateurs, qui se sentent « pris en otage ». Plusieurs s’interrogent sur la gestion du conflit par l’administration municipale, alors que la mairesse Valérie Plante et ses partenaires politiques sont restés discrets lors des récentes escalades. Certains évoquent une comparaison troublante : pourquoi tolérerait-on que les urgences ou la police fonctionnent uniquement aux heures de pointe, alors même que le transport collectif est vital pour la métropole?
Rémunération des employés : le débat en chiffres
L’enjeu salarial est au cœur du bras de fer. Selon une récente analyse, un chauffeur qui débute à la STM touche environ 60 200$ par an, avec un taux horaire qui progresse de 28,95$ à 34,95$ après trois ans. La moyenne salariale, incluant les heures supplémentaires et diverses primes, frôle les 120 000$ annuellement, soit 2,5 fois plus que le revenu moyen des travailleurs de la grande région de Montréal. Un élément qui alimente le débat sur la légitimité des revendications syndicales face aux enjeux d’équité sociale.
Un modèle à repenser pour éviter le blocage permanent
Dans un contexte de pressions économiques importantes, la STM prévoit déjà la suppression de plus de 300 postes, en plus de s’interroger sur une potentielle hausse tarifaire. La menace d’un dénouement imposé, à l’image de la récente adoption d’une loi spéciale pour les médecins du Québec, plane désormais sur la négociation. Une chose est sûre : ce bras de fer révèle la nécessité absolue de repenser la gouvernance et le financement du transport public montréalais afin d’éviter de revivre une telle « prise d’otages » de la population urbaine.
