Home Culture James Benning au 54e FNC : « Little Boy », un voyage historique et sensoriel dans la mémoire américaine

James Benning au 54e FNC : « Little Boy », un voyage historique et sensoriel dans la mémoire américaine

by Matilda Honet

Un documentaire entre mémoire et création

À 82 ans, James Benning, figure radicale du cinéma documentaire, propose avec « Little Boy » une réflexion singulière sur l’histoire moderne des États-Unis. Présenté au Festival du nouveau cinéma de Montréal, ce long-métrage invite à explorer soixante décennies d’évolution sociale et politique, à travers un dispositif visuel aussi épuré que signifiant : les mains d’un enfant (et, en filigrane, de l’artiste lui-même) assemblent et peignent des maquettes miniatures, symbole d’un pays en perpétuelle (re)construction.​

Dix maquettes pour une histoire mouvementée

Le film se compose de dix tableaux, chacun associé à un événement clé : une époque, une chanson marquante et un discours emblématique de figures telles qu’Eisenhower, George Wallace, César Chávez, Ronald Reagan ou Hillary Clinton. Ce choix offre une lecture originale de l’histoire, opposant sans cesse le grondement de la guerre à de timides appels à la paix. La symbolique se prolonge dans l’alternance entre messages d’espoir et instants tendus, laissant au public une liberté d’interprétation féconde.​

Une expérience sensorielle et politique

Benning n’hésite pas à sortir de son cadre contemplatif habituel : « Little Boy » ose l’explicite par le choix d’extraits sonores, de musiques populaires et de discours politiques qui se télescopent avec l’assemblage des maquettes. Ce dispositif, salué autant qu’interrogé par la critique, met en lumière les angoisses d’un créateur face aux erreurs de son pays. Si le film peut parfois paraître fragmentaire et énigmatique, il invite à une méditation sur la transmission, la mémoire et la responsabilité collective face au passé.​

Un documentaire primé et remarqué

Récompensé du Grand Prix au prestigieux Festival Cinéma du Réel, présenté à la Berlinale, à Karlovy Vary ou à New York, « Little Boy » s’affirme comme l’une des œuvres marquantes de cette saison documentaire. Sa projection à Montréal, le 11 octobre à la Cinémathèque québécoise et le 19 octobre au Cinéma Moderne, vient souligner l’importance du regard de James Benning sur l’histoire américaine, abordée avec simplicité, poésie et une profondeur rare.​

Le regard de Montréal sur le cinéma du réel

La présence de « Little Boy » dans la programmation du FNC confirme l’enracinement de Montréal comme scène majeure du documentaire contemporain. Ce film, par sa singularité et sa force esthétique, stimule les débats sur notre rapport collectif à l’histoire et à la mémoire, interrogeant le spectateur sur la puissance du cinéma à réinventer la façon de s’emparer du réel.

You may also like

Leave a Comment

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?
-
00:00
00:00
Update Required Flash plugin
-
00:00
00:00