Gonorrhée à Montréal : hausse record et menace bactériologique
La Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal tire la sonnette d’alarme après avoir enregistré une augmentation de 1 047% des cas de gonorrhée en 25 ans, atteignant 5 458 diagnostics en 2024, soit un taux de 257 cas pour 100 000 habitants. C’est la plus forte incidence observée dans la métropole depuis un quart de siècle, touchant surtout les femmes de 25 à 34 ans et les hommes de 25 à 44 ans.
Symptômes et risques : personne n’est à l’abri
La gonorrhée, Infection Transmissible Sexuellement et par le Sang (ITSS), peut rester asymptomatique, en particulier chez les femmes, ce qui complexifie sa détection. Les symptômes incluent douleurs lors de la miction, pertes ou saignements anormaux, et parfois, des écoulements. En 2024, 41% des cas à Montréal ont été détectés dans la gorge, 25% dans l’urètre et 25% au rectum. Non traitée, la gonorrhée peut causer des douleurs chroniques, l’infertilité ou des infections graves chez les nouveau-nés.
Une résistance accrue aux traitements
Problème majeur : l’apparition de souches de Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antibiotiques, notamment aux céphalosporines (ceftriaxone, céfixime), a été confirmée en 2024 à Montréal. Près d’un tiers des infections sont désormais résistantes à l’azithromycine et la moitié à la ciprofloxacine, forçant les médecins à recourir à des traitements intramusculaires plutôt qu’oraux.
Prévention, dépistage et recommandations
Pour limiter la propagation, les experts rappellent quelques mesures essentielles :
- Utilisation systématique du condom lors de toute relation sexuelle (orale, vaginale ou anale)
- Dépistage régulier : au moins une fois par an pour les moins de 30 ans, tous les 3-6 mois en cas de partenaires multiples
- Informations aux partenaires et suspension des rapports sexuels jusqu’à la fin du traitement
- Vigilance accrue quant à l’efficacité des traitements en cas de diagnostic positif
Certaines approches complémentaires, dont la PrEP pour le VIH ou la doxycycline après exposition, peuvent également réduire le risque d’autres ITSS telles que la syphilis ou la chlamydia.
Les autorités restent mobilisées
La croissance rapide des infections à gonorrhée témoigne d’un enjeu majeur de santé publique à Montréal, entretenu par la difficulté de dépister la maladie, la multiplication des partenaires ainsi que l’apparition de souches multirésistantes. La Santé publique accentue son suivi épidémiologique et appelle la population à faire preuve d’une vigilance accrue.
