Ce vendredi 17 octobre 2025, Montréal se mobilise pour la 36e édition de la Nuit des sans-abri, un rassemblement annuel qui met en lumière la crise persistante de l’itinérance dans la métropole québécoise. Alors que le nombre de personnes en situation d’itinérance continue d’augmenter de manière alarmante, cet événement de sensibilisation prend une résonance particulière en 2025.
Une crise en constante progression
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2018 et 2022, l’itinérance visible à Montréal a augmenté de 33 %, selon l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Plus récemment, un rapport provincial publié en avril 2025 révèle une hausse de 15 % du nombre de personnes en situation d’itinérance hébergées entre octobre 2022 et avril de cette année.
La pandémie a exacerbé cette situation, précarisant de nombreux Montréalais et Montréalaises. Évictions, inflation galopante, pertes d’emploi et incapacité à payer un logement ont poussé un nombre croissant de personnes en situation de grande vulnérabilité à occuper l’espace public, faute d’accès à des services répondant à leurs besoins.
Une soirée de solidarité et de revendications
La Nuit des sans-abri, qui se tient chaque troisième vendredi d’octobre depuis 1989, rassemble organismes communautaires, personnes domiciliées, commerçants, représentants politiques, artistes et personnes vivant des situations d’itinérance. Ensemble, ils portent un message clair : la solidarité pour plus de dignité.
La soirée débutera par une marche de solidarité à 17h au métro Mont-Royal, qui se dirigera vers la place Émilie-Gamelin. À partir de 18h30, une vigile de solidarité proposera une programmation riche et diversifiée : nourriture, animation, projections, discussions, musique et bien plus encore, le tout gratuitement.
Des actions gouvernementales attendues
Les organisateurs ne se contentent pas de sensibiliser : ils réclament des actions concrètes des gouvernements. « Le contexte politique, social et économique dépasse largement la responsabilité individuelle et le pouvoir des organismes communautaires », souligne le comité organisateur. Les revendications portent sur le droit au logement, le droit à la santé, le droit d’habiter la ville, le droit à l’égalité et le droit à la sécurité — tous des droits constamment mis à mal pour les personnes en situation d’itinérance.
Des investissements en réponse
Plusieurs paliers de gouvernement ont réagi à l’urgence. En avril 2025, Québec a débloqué 10 millions de dollars pour soutenir les organismes sur le terrain, dont 8,5 millions vers Centraide du Grand Montréal et 1,5 million à la Ville de Montréal.
De son côté, la Ville de Montréal a annoncé en août 2025 un investissement de près de 22,5 millions de dollars sur trois ans pour soutenir 39 organismes communautaires dans la réalisation de 42 projets. Parmi les initiatives finacées : des navettes de transport adapté pour faciliter l’accès aux ressources essentielles, avec un budget de près de 700 000 $ pour 2026.
En juin 2025, le gouvernement du Québec a également mis en place un partenariat avec le secteur touristique, soutenu par un investissement initial de 300 000 $ du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Une intolérance en hausse
Parallèlement à l’augmentation de l’itinérance, les organisateurs déplorent une montée alarmante de l’intolérance à l’égard des personnes sans abri. L’implantation de ressources suscite des préoccupations chez la population avoisinante, comme en témoigne la consultation publique menée par l’OCPM sur « les conditions de succès afin d’assurer la cohabitation sociale et une intégration harmonieuse des ressources ».
Un appel à l’action collective
La Nuit des sans-abri rappelle que la lutte contre l’itinérance nécessite une action systémique. « Il faut agir radicalement sur ces facteurs systémiques afin de réduire l’itinérance de façon réelle et durable », affirme le comité organisateur.
Les Montréalais et Montréalaises sont invités à se joindre à ce mouvement de solidarité, que ce soit en participant à la marche et à la vigile, ou en exigeant des actions concrètes de la part de leurs représentants politiques. Car comme le rappelle l’événement : être solidaire, c’est marcher ensemble vers plus de dignité pour tous.