Home Société Portrait : Réanimée 19 fois, elle célèbre la vie grâce à une greffe du cœur

Portrait : Réanimée 19 fois, elle célèbre la vie grâce à une greffe du cœur

by François Takochi

Le souffle retrouvé d’une miraculée

L’histoire de Monique Chalifour défie les pronostics et inspire le respect. À 41 ans, cette mère de famille de Pointe-Claire a traversé une épreuve que peu peuvent imaginer : 19 arrêts cardiaques en quelques mois, une lutte acharnée pour la survie, et finalement, la renaissance grâce à une greffe du cœur. Son parcours, qualifié de « miracle » par sa propre cardiologue, est un témoignage poignant de résilience, d’espoir et de l’importance vitale du don d’organes. Aujourd’hui, elle redécouvre les plaisirs simples de la vie, un battement à la fois, et souhaite partager son histoire pour sensibiliser à cette cause.

Mai 2022 : Quand le cœur lâche sans prévenir

Jusqu’en mai 2022, Monique Chalifour menait une vie active et sans histoire sur le plan de la santé. Aucun antécédent, pas de surplus de poids. Pourtant, ce jour-là, son cœur « allait exploser ». Un premier arrêt cardiaque sévère marque le début d’une descente aux enfers. La cause ? Une dissection spontanée d’une artère coronaire, où la paroi interne d’un vaisseau sanguin se détache, permettant au sang de s’infiltrer et de comprimer le cœur. Un phénomène rare, qui se résorbe souvent spontanément, mais pas pour Monique.

Les arrêts cardiaques se succèdent, implacables. Dix-neuf fois, son cœur s’arrête. Dix-neuf fois, les équipes médicales luttent pour la ramener à la vie. « À deux reprises, les médecins étaient prêts à nous annoncer l’heure du décès. Mais l’un d’eux a dit ‘Non, on va continuer’ », se souvient son conjoint, Robert Gervais, encore ému par la peur de perdre sa femme. Les interventions chirurgicales s’enchaînent : 25 en moins de deux ans, dont trois à cœur ouvert. Elle est même maintenue en vie artificiellement pendant sept jours grâce à l’ECMO, une machine cœur-poumon.

L’attente et l’espoir : Le cœur mécanique puis la greffe

Face à l’échec des traitements, un cœur mécanique prend le relais pour maintenir Monique en vie. Mais cette solution n’est que temporaire. La seule issue, la seule chance de survie à long terme, est une greffe cardiaque. « L’idée d’une greffe, c’est tellement énorme et épeurant », confie-t-elle. Pourtant, l’attente ne sera « que » de dix mois. En décembre 2023, un cœur compatible est trouvé.

Dix mois peuvent sembler longs, mais dans le contexte de la pénurie d’organes, Monique Chalifour se considère chanceuse. Au Québec, selon le bilan 2024 de Transplant Québec, plus de 850 personnes étaient en attente d’une transplantation, toutes organes confondus. Bien que l’année 2024 ait été marquée par un nombre record de 206 donneurs décédés ayant permis 644 transplantations, les besoins restent immenses. Chaque consentement au don d’organes est une lueur d’espoir pour des centaines de patients comme Monique.

Une nouvelle vie, un battement à la fois

La greffe est un succès. « Ça a été le plus beau cadeau que j’aie pu recevoir. C’est incroyable, j’ai pu retrouver une vie normale et active », s’émerveille Monique Chalifour. Sa cardiologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), la Dre Nadia Giannetti, qui n’avait jamais vu un cas aussi complexe en 25 ans de carrière, parle d’un véritable miracle.

Progressivement, Monique réapprend à vivre. Elle retrouve les joies simples du quotidien, comme assister aux matchs de hockey de ses enfants, Sophie et Benjamin, une présence qu’elle a tenu à maintenir même au plus fort de son combat. Avec humour, elle se demande même si son donneur anonyme n’était pas un amateur de poutine, car elle en raffole depuis l’opération.

Un message d’espoir et un appel au don

L’histoire de Monique Chalifour est une leçon de courage et de persévérance face à l’adversité la plus extrême. C’est aussi un puissant rappel de la fragilité de la vie et de l’extraordinaire cadeau que représente le don d’organes. Grâce à la générosité d’un donneur et de sa famille, et à l’expertise des équipes médicales, une mère peut continuer à voir grandir ses enfants et à profiter de la vie.

En partageant son parcours, Monique Chalifour souhaite non seulement exprimer sa gratitude, mais aussi sensibiliser la population à l’importance de signifier son consentement au don d’organes. Chaque signature sur une carte, chaque discussion en famille peut potentiellement sauver plusieurs vies. Son histoire est la preuve vivante que même après avoir frôlé la mort à 19 reprises, l’espoir et la vie peuvent renaître, un battement de cœur à la fois.

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